Comme un grand nombre de citoyens, nous n’avons pu qu’être estomaqués par la décision prise par Anne Hidalgo, maire de Paris, visant à installer les anneaux olympiques de façon
définitive sur la façade de la Tour Eiffel alors qu’il devait s’agir d’une installation précaire.
La Tour Eiffel, que l’on ne présente plus, est un symbole national et international. Son identité visuelle, son histoire et son intérêt artistique appellent une protection de son intégrité en tant qu’emblème du patrimoine français.
Beaucoup ont exprimé leurs craintes légitimes à propos du projet de pérennisation des anneaux olympiques : la vocation de la Tour Eiffel est bien plus large que d’être le support exclusif d’une manifestation culturelle qui, aussi célèbre soit-elle, n’entretient de rapport ni historique, ni architectural avec l’édifice.
Une menace aussi inattendue n’aurait néanmoins jamais pu avoir lieu si la Dame de Fer avait bénéficié d’un encadrement juridique et technique qui protège des risques de dénaturation les édifices de cette importance. Anomalie de l’Histoire, elle n’a pourtant jamais pu recevoir de telle protection, et pour cause : la Tour Eiffel n’a jamais été classée aux Monuments historiques.
UN CLASSEMENT, POURQUOI FAIRE ?
- PARCE QUE SA PROTECTION ACTUELLE N’EST PAS À LA HAUTEUR DES ENJEUX LIÉS À SA CONSERVATION.
Aujourd’hui, la Tour Eiffel est l’objet de tous les débats à la suite de la décision prise par la maire de Paris de lui affecter les anneaux olympiques de façon permanente.
Au-delà de cette menace patrimoniale, le monument souffre depuis plusieurs années d’un risque croissant de détérioration, causé par le ralentissement des campagnes de mise en peinture qui sont les seules à assurer la protection de sa structure métallique.
Or, le classement du monument permettrait de le soumettre à un régime renforcé qui :
- Non seulement, soumet toute démarche venant modifier son aspect à un accord de l’administration des monuments historiques ;
- Mais en plus, renforce le contrôle technique et scientifique de l’État sur les travaux de conservation et augmente le niveau des subventions qui peuvent être accordées pour en assurer la réalisation.
Si la Tour Eiffel avait été classée, ni la dégradation de sa structure, ni les transformations politiques de son aspect extérieur n’auraient représenté une menace pour ce monument.
- PARCE QUE SON CLASSEMENT N’A JAMAIS PU ABOUTIR PAR MANQUE DE VOLONTÉ POLITIQUE.
En février 2024, la maire de Paris a refusé la proposition de classement émise par la ministre de la Culture en fonction. Ce désaccord a provoqué l’avortement du processus.
Or, le classement d’un monument n’a pas à dépendre des aléas politiques ni des arrangements politiciens.
Cette mesure doit être prononcée, en toute indépendance et en toute objectivité, dès lors que le monument le mérite.
- PARCE QUE SON CLASSEMENT A ÉTÉ ABANDONNÉ À LA SUITE D’UN REFUS ILLÉGAL.
La maire de Paris a opposé son refus à la proposition de classement en estimant que sa qualité de propriétaire lui permet de poser son veto.
Or, lorsqu’un projet de classement est justifié mais refusé par son propriétaire, le code du patrimoine permet qu’il soit prononcé d’office par décret en Conseil d’État.
Cette procédure aurait dû être engagée, ce qui aurait permis de surpasser les considérations étrangères à l’intérêt du monument et aboutir au classement demandé.
PARCE QUE LE CLASSEMENT DE LA TOUR EIFFEL RELÈVE DU BON SENS.
Le classement aux monuments historiques est prévu pour les biens « dont la conservation présente, au point de vue de l’histoire ou de l’art, un intérêt public ».
Or, personne ne niera l’intérêt architectural et la valeur historique de la Tour Eiffel, qui n’est ni plus ni moins que l’un des monuments les plus célèbres au monde.
Il est impensable que, pourtant inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO, elle ne figure pas parmi les 14 808 monuments classés en France.
Il est temps de mettre fin à cette anomalie légale et historique et de reconnaître à la Tour Eiffel sa réelle valeur patrimoniale.
L’association URGENCES PATRIMOINE, de concert avec l’association LA FRANCE EN PARTAGE, a donc fait le choix d’engager elle-même la dynamique de protection en adressant au ministre de la culture une demande de classement et de saisine du Conseil d’État en cas de refus persistant de la maire de Paris.
Compte tenu de la décision engagée par cette dernière au sujet des anneaux olympiques, cette demande sera assortie d’une demande urgente de mise en instance, qui est la seule à
pouvoir « geler » tout projet de nature à porter atteinte à l’édifice dans l’attente de la décision de classement.
Nous veillerons, avec notre avocat Maître Théodore Catry, à ce que ce processus aille à son terme, même s’il faut saisir la justice pour y parvenir.